EROTOMANIE

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jeudi, juillet 16 2009

APOCALYSE

EROTOMANIE-RESURRECTION-OVNI-APOCALYPSE-CHAMANISME-DEBAT sur RECIT LE SOIR DU DERNIER JOUR

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RESURRECTION

II - Revenir _

Dans mon inconscient, durant mon enfance, sommeillait cette phrase, comme un défi d'une vie antérieure : - Je reviendrai - . De cette autre vie, il me semblait me souvenir que j'avais été médecin. Et, je me voyais partir dans un vieux train noir. La locomotive fonctionnait au charbon et envoyait des escarbilles à la fenêtre. Les banquettes étaient en bois. J'étais assise, en troisième classe, près de la porte, s'ouvrant à contre-sens de la marche, avec une grosse et dure poignée dorée. Mais, si je me souvenais d'un aller, je ne me souvenais pas d'un retour. Les trains me déclenchent encore des angoisses de mort. Ce souvenir n'est peut-être qu'une illusion, mais médecin, je le suis redevenu, envers et contre- tout. Le jour d'un examen déterminant, j'ai pu copier, incrédule et stupéfaite, en remontant à l'envers, de façon illogique et impossible, à partir de leurs résultats, tous les calculs et formules mathématiques. Ceci était bien au-delà de mes capacités très limitées, dans le domaine mathématique, comme si une voix intérieure et antérieure, me montrait le résultat et me dictait ce que je devais écrire sur ma copie, mais à partir du résultat inconnu à calculer... Je ressentais la présence et le soutien d'âmes bienveillantes qui m'entouraient et surveillaient. Je n'ai pas d'autres souvenirs conscients de vies antérieures. Mais, il m'arrive exceptionnellement, de me demander comment je peux faire instinctivement, certaines choses très loin de ce que je connais dans cette vie. J'ai parfois dû aller chercher dans des dictionnaires, la traduction et le sens de certains mots qui me venaient à l'esprit, car ils étaient dans une langue que je ne parlais pas, et pour un usage que j'ignorais... Cependant, je n'ai jamais ressenti cela comme une anomalie, car j'ai toujours perçu que je n'étais pas la seule à être dans ce cas. Et, j'avoue que j'ai aimé quand, au mépris de toutes lois de la pesanteur, je pouvais bricoler, à moitié perchée dans le vide, mais solidement soutenue..., et de pouvoir soulever de lourdes charges aidée, de l'autre côté de l'objet, par une force inconnue...et invisible... Cela ne se produit plus aujourd'hui, et je m'ennuie de mes amis invisibles et malicieux ! 4 4

III - Le chat __

Alors que j'étais en train de réfléchir à mes souvenirs et à l'utilité de les partager, un frôlement sur mon mollet m'a décidé à écrire, comme une bouteille jetée à la mer, dans une égalité d'espoir et de désespoir. Je ne suis pas prophète. Je n'ai ni le talent, ni l'inspiration des visionnaires ou des maîtres de notre science-fiction. Les quelques révélations cachées, tout en s'étalant, dans leurs oeuvres, leur permettent, peut-êre, de croire conjurer le sort, pour conserver intact, l'infini d'autres histoires du futur, à raconter. Le frôlement ressenti sur mon mollet était celui d'un chat. Un chat qui n'était pas dans notre réalité, surgi de je ne sais où, m'a caressé la jambe, pour avoir sa part des croquettes que je venais de servir à mon chat. Il était invisible ou trop rapide pour être perçu par mon sens de la vue. J'ai pensé avoir interprété une simple sensation cénesthésique. Mon chat était immobile, à plusieurs mètres de mon mollet quand j'ai vérifié, sauf à imaginer qu'il soit capable de réaliser une projection astrale de son propre corps. J'avais l'impression d'avoir un visiteur de passage que je n'arrivais pas à voir. Sans y repenser, un peu plus tard, j'ai ouvert la porte de la chambre où mon chat n'a pas le droit d'entrer. J'étais persuadée que ma crapule de chat avait encore réussi à se faufiler, en passant au ras de mes jambes, par la porte entre-ouverte. J'ai vu bouger le rideau de la grande penderie, derrière lequel il excellait à s'élancer, en douce, pour aller se cacher dans mes vêtements. Je me préparais à rattraper mon chat pour le sortir de la chambre, encombrée de bazar, quand j'ai tourné la tête : mon chat était resté sagement couché dans l'autre pièce de mon appartement. Sa tête était dressée comme un périscope, avec de grands écarquillés. J'en ai déduit que nous étions deux, à avoir ressenti le fantôme d'un chat qui ne s'est plus manifesté par la suite. Au moins, un chat câlin, même fantomatique, ne fait pas peur, cela surprend. Par précaution, je suis allée quand même vérifier derrière le rideau de la chambre où il avait disparu. C'était illogique, tout mon appartement était fermé, situé en étage, et il n'aurait pu venir de nulle part, mais, je ne voulais pas prendre le risque d'enfermer un animal dans cette chambre où j'entrais rarement. J'ai bien cherché, il n'y avait rien. Je n'ai pas compris, sauf que peu avant, j'avais emmené mon chat chez le vétérinaire, et peut-être, ramené, dans sa cage, un invité invisible et de passage.





Ma version préférée de cet épisode est l'espoir d'un chat visiteur du temps ou de l'espace. Les autres versions me semblent plus tristes, tournant autour d'une âme qui transite ou revient après la mort, ou de l'illusion témoignant de mon imagination maladivement trop fertile. Cependant, je suis perplexe. J'ignorais qu'un de mes enfants avait ramené, dans un sac que je n'avais pas vu, les boites de nourriture, d'un autre chat de la famille, mort récemment, sans que je le sache. Je n'ai découvert ces boites que par la suite. J'ai eu l'impression que l'âme suivait ce qui avait eu de l'importance durant sa vie, avant que son énergie ne s'évanouisse telle une bulle de savon qui éclate et s'éparpille pour disparaître. J'en ai ressenti de la tristesse et le vide de l'absence.





IV - Résurrection __

Chacun dans sa vie, a rencontré l'inexpliqué, concernant, le plus souvent, les limites de nos cinq sens, de notre intellect, et le débordement de nos fantasmes. Dans ce domaine, je me souviens d'une expérience que je ne peux que nommer résurrection, bien que selon moi, il est probable que la barrière de la mort n'ait pas été totalement franchie. Cela me rassurerait ! Nous étions plus d'une dizaine de témoins devant cet évènement. Je travaillais dans un petit hôpital. Une dame très âgée, au coeur usé, était sur le point de mourir. Ses poumons étaient noyés par l'oedème, elle n'était plus consciente, elle gaspait. Le professionnalisme de toute l'équipe soignante a fait que le protocole standard de réanimation a, quand même, été appliqué, à cette dame, en vain, évidemment. Le réflexe cornéen n'existait plus, elle ne respirait plus, le coeur avait cessé de battre. Nous avions mis le paravent autour de son lit, pour l'isoler des autres patients de la salle commune de l'hôpital, et nous avions fait appeler la famille. Nous étions prêts à signer le certificat de décès. C'est là que s'est produit quelque chose d'anormal qui nous a dépassé. Dans l'équipe, une seule personne était, à la fois, croyante et pratiquante, précisément celle qui avouera, rapidement, son sentiment de culpabilité d'avoir lésiné sur les doses de produits injectés, de peur de tuer une morte ! Quant aux autres personnes, plus aguerries aux fins de vie, elles étaient, me semble-t-il, très stables, psychiquement solides et pragmatiques. L'évènement se produisit à l'arrivée d'une toute jeune fille qui hurlait du fond du petit couloir de l'hôpital : - maman -, - maman -... Nous étions déjà interloqués et choqués, d'entendre ce cri illogique et poignant d'enfant, s'adressant à cette très vieille dame, pour nous, déjà morte. Cette grand-mère avait élevé sa petite fille qui la considérait comme sa mère. Elle était sa seule famille.





Mais, ce qui fut extraordinaire, c'est que la vieille dame entendit le cri, dans son dernier souffle. Elle se remit à respirer, son coeur se remit à battre, elle reprit conscience sur le champ, et miraculeusement et instantanément, elle se redressa, assise et guérie sur son lit de mort, pour accueillir sa petite fille qui avait couru en hurlant dans le couloir. La vieille dame fut installée dans une chambre particulière, pour quelques heures de récupération. Elle prit un repas, parla avec sa petite fille. Toute l'équipe restait silencieuse. Chacun entrait dans sa cham:bre, sur la pointe des pieds, avec délicatesse. Nous osions à peine lui adresser la parole. Nous étions sidérés. Nous n'avons jamais commenté, ensemble, cet évènement. La vieille dame nous expliqua qu'elle attendrait pour mourir que sa petite fille soit mariée. Dieu le lui avait permis. Et, elle sortit de l'hôpital, très vite, sans que nous la retenions, pour rentrer chez : nous étions dépassés. Elle était croyante, sûre d'elle et de sa foi, mais sans fanatisme, ni prosélytisme. Elle rayonnait de douceur, de bonté et de simplicité. Il y avait comme une aura protectrice et sacrée autour d'elle. Elle nous souriait. Il n'y a jamais eu aucun doute, pour nous, que nous avions assisté à un miracle. Cette vieille dame était vraiment revenue de l'autre côté, rallumant en elle, ce qui avait dû être la dernière petite étincelle de vie dans son corps. Elle avait entendu au hurlement de sa fille, véritable électrochoc dans une zone inconnue de nous, qu'elle n'avait pas encore, tout à fait terminé sa mission dans ce monde et son devoir de vie. Il n'était pas du tout logique, ni qu'elle soit ressuccité, ni même qu'elle soit vivante avec un coeur qui ne fonctionnait plus, ni qu'elle se porte bien, du moins provisoirement ! Chacun en pensera ce qu'il veut, nous, nous étions là et nous avons vu.





Quelque chose ou quelqu'un avait accordé à son âme, dans son dernier souffle de vie terrestre, le droit de décider le moment de mourir. Et, cette femme semblait savoir où elle allait. Elle nous a montré une porte pleine de lumière vers l'au-delà, et prouvé que le chemin existait. Elle nous a inspiré un tel respect qu'aucun d'entre nous, ne lui a posé de questions. C'était un fait, à nous de l'examiner et d'en tirer notre propre opinion et décisions personnelles. Nous n'étions plus dans le domaine de la foi, mais dans celui de l'évidence de l'infinie puissance de l'amour. Nous avons senti qu'elle faisait partie des élues et avait sa place dans une autre dimension, bien réelle pour elle. Mais qu'en est-il pour nous ?

SURNATUREL

V - L'artiste __

Je crois que, à travers le temps, certaines voix se sont élevées, inspirées, consciemment ou non, par la grâce divine. Rares sont ceux qui, au moins une fois dans leur vie, n'ont pas ressenti dans l'émotion, véhiculée par un de ces êtres, cette vibration qui donne la chair de poule, emballe le coeur, avec un noeud à la gorge et au ventre, et les larmes au bord des yeux. Il se passe quelque chose qui n'est pas dans le registre de nos cinq sens, et qui nous transcende. Il ne s'agit ni de gloire, ni de pouvoir, mais de cette force insufflée, venant d'un au-delà, qui peut soulever nos taupinières, parfois plus lourdes, pour nous, que la montagne. Il arrive que des êtres soient, par moments, réceptacle et véhicule de ce qui pourrait être nommé rayonnement divin et qu'à leur contact, nous puissions, brièvement le ressentir et en être saisis. J'ai croisé le chemin d'un artiste célèbre qui, je pense, a été émissaire involontaire d'un autre monde. J'étais allée à une soirée théâtrale pour travailler. J'avais présumé de mes forces, j'étais littéralement épuisée. Tout mon corps me faisait mal, et mon moral n'était pas joyeux. Je m'apprêtais à faire acte de présence et à dormir, le temps de la représentation, d'autant que je n'étais pas réellement fan de cet artiste. C'est là qu'il s'est produit ce je n'avais jamais ressenti auparavant et que je n'ai jamais retrouvé. J'ai dirigé mon regard sur la scène, lointaine de ma loge, pour regarder cet artiste, tout petit à cette distance, alors qu'il entamait son numéro. Et, j'ai immédiatement et instantanément, senti toute ma fatique, littéralement, sortir de moi. Elle a fondu, s'est évaporée, à l'extérieur de mon corps, comme si elle avait arrachée. A peine une minute auparavant, je cherchais dans quelle position me tenir sur ma chaise pour réussir à encaisser cette soirée inopportune de travail comme médecin de garde au théâtre. Et, je me trouvais brusquement fraîche et légère, dans une forme que j'ai rarement connue dans ma vie. Ce petit homme, là-bas, loin sur la scène, rayonnait, et son aura avait, en une fraction de seconde, capté et évacué toute ma souffrance. Il racontait des blagues. Je ne connais pas sa vie personnelle. Ce que je sais, c'est que, peu de temps après, il allait créer une association qui, pour les années à venir, permettrait de nourrir des milliers de gens pauvres, puis, mourir dans un accident.

Cette aura, je l'ai perçue aussi dans les yeux d'un coureur brésilien, accidenté fatalement lors d'une course automobile, retransmise, en direct, à la télévision. Lui aussi pourvoyait aux besoins de milliers de gens pauvres, lui aussi était - habité -. Son regard devant la caméra qui le filmait, était déjà tourné vers cet au-delà auquel il croyait avec certitude. Avant la course, il me semble l'avoir entendu dire : - c'est un beau jour pour mourir -...





VI - La voix __

Beaucoup d'entre nous ont rencontré des moments particuliers dans leur vie, de l'ordre de l'indiscible, et de l'inexpliqué, à travers des faits plus ou moins importants. Personnellement, j'ai entendu une voix. Je ne l'ai entendue que quatre fois, mais, elle a emplie ma vie de certitude et paradoxalement d'un doute inconfortable. La première fois, j'étais une jeune adulte dont le couple était en difficulté. J'avais la sensation d'avoir échoué jusqu'à présent, à me faire aimer par mon entourage. Je me lamentais intérieurement : - personne ne m'aimera jamais -. J'étais seule chez moi. Et, une réponse est arrivée, clairement audible, de l'intérieur de moi-même. Une voix douce, chaude, pleine, masculine, m'a juste répondu : - moi, je t'aime -. Je suis restée interloquée. Il est rare que les hallucinations auditives consolent et rassurent, alors que cette voix avait, avec ces petits mots, immédiatement calmé mon désarroi. La deuxième fois se situe dix ans plus tard. Je suis moqueuse, je ne cherche pas d'excuse, j'avais tort et j'ai encore honte d'avoir pensé comme cela, à ce moment-là. J'étais en visite chez un vieux musulman très pratiquant et grognon. Il gardait sa fille enfermée, à domicile. Je ne sais pas ce qui m'a pris en sortant de chez lui, mais, je me revois dans le hall de l'immeuble, en train de me moquer de cette jeune fille et de me dire : - qu'est-ce qu'elle est moche -, ce qui était faux. Et là, j'ai entendu la voix et je suis restée sidérée. La voix disait simplement : - elle ressemble à ma mère -. J'ai filé tête baissée. Je me suis dit, plus tard, qu'il était dommage que je n'ai pas eu la possibilité d'avoir une photo de cette jeune fille... La troisième fois s'est produite dix autres années plus tard, toujours avec la même surprise. Elle ne fut pas plus glorieuse. Je n'avais pas dû retenir la leçon.





La curiosité m'avait poussée à aller voir une relique sacrée exposée tous les demi-siècles. Dans l'église, je trépignais intérieurement. Il fallait attendre toute la durée d'une messe pour qu'ils veuillent bien sortir leur relique. Je me sentais flouée. Enfin, j'ai pu la voir. Je l'ai trouvée petite et je n'ai pas vraiment éprouvé de sensation. J'étais un peu déçue. Car, dans mon for intérieur, je voulais poser une question et j'attendais une réponse, avec la foi du charbonnier. J'ai, cependant, vaguement distingué, à partir de cette relique, la silhouette d'un petit arabe basané, aux traits réguliers, et un regard frappant de profondeur, reflétant l'immensité de l'infini, et la douceur de son amour englobant l'univers tout entier. Ma question qui ne trouvait pas de réponse était : - est-ce que je vais réussir à trouver un enfant à adopter. A la sortie de l'église, je me suis assise sur les marches, et c'est seulement dehors que j'ai entendu la voix : - ce n'est pas la question qu'il fallait poser -, - prie Sainte Eulalie -. Je ne comprenais pas cette réponse, j'étais très agacée, et j'insistais lourdement, en répétant sans cesse intérieurement : - qu'est-ce qu'il aurait fallu demander ? -. Cette réponse intérieure me déboussolait. Alors, la voix a accepté de m'expliquer : - ce qu'il aurait fallu demander, c'est que quelque part dans le monde, une femme ne soit pas obligée d'abandonner son enfant -. J'avoue que j'ai vraiment manqué de respect, en rétorquant : - comment je pourrais contrôler que, grâce à ma prière, une mère ait, réellement, pu conserver son enfant pour l'élever ? -. J'étais dépitée, je me sentais odieuse, indigne, désavouée et inquiète sur ce que me réserverait l'avenir quant à l'éducation de l'enfant que je pourrais adopter. J'espère avoir été pardonnée. Je me suis renseignée, et j'ai appris, ensuite, que Sainte Eulalie est la patronne de l'éloquence dont j'aurais bien besoin pour les démarches d'adoption.





La dernière fois que j'ai entendue la voix, plusieurs années plus tard, était à l'occasion du baptême d'un de mes enfants, dans l'église, juste à la fin de la cérémonie : - tu me la donnes ? -. J'ai répondu rapidement et sèchement : - non -. Une vie de religion ne me paraissait pas un avenir enviable pour un enfant. Là, je crois que je suis allée un peu trop loin...

OVNI SURNATUREL

VII - Automatisme mental ? __

N'hallucine pas qui veut. Peut-être suis-je selon le jargon psychiatrique, une productive, mais seule cette voix durant toute ma vie, a été clairement audible et identifiable, dans ma tête. Je ne peux pas nier avoir ressenti d'autres - frôlements -, plus de l'ordre de la réflexion intérieure. Ils ne m'ont jamais empli de cette extraordinaire et infinie présence, et ne m'ont jamais inspiré et saisie d'une telle crainte et d'un tel respect. Les sceptiques me demanderont si j'ai eu les numéros du loto ! Oui, une seule fois, mais, pas par cette voix. Je suis allée les jouer, avec une totale certitude. J'ai fait la queue pour jouer. Il restait une personne devant moi. Et, j'ai été prise de panique. J'ai fait demi-tour, en me répétant que cela était interdit. Je ne joue que très rarement, car je n'aime pas perdre... Mais, cette fois-là est restée dans ma mémoire, car les numéros sont bel et bien sortis ! J'entre très rarement dans les églises, je m'y sens oppressée, impatiente et déplacée. J'ai la foi, mais ma pratique religieuse est tiède. Cependant, mon coeur se serre, à chaque fois que je vois fermer une église. Leur construction par le petit peuple était à elle seule, une prière. Pour chaque église qui tombe, j'ai l'impression que nous sommes, tous, de plus en plus démunis devant le destin, et que nous perdons protection, spiritualité, refuge et avenir... Je ne saurais dire pourquoi, mais cela me terrorise. Je suis mal dedans, mais affolée si l'église n'est plus à sa place et ouverte. Je préfererais qu'elle serve à tous les cultes religieux, plutôt que de disparaître et que tous puissent y entrer, librement, en se sentant chez eux. Détruire tout lieu de prière est pour moi, un sacrilège pour toute l'humanité, et j'inclus dans ce sacrilège, l'irrespect de tout sanctuaire de la vie. Aurais-je un jour, l'occasion et l'effronterie de poser ces questions : - pourquoi dans la création, une partie de la faune est-elle condamnée à s'entre-dévorer pour survivre, plutôt que de s'aimer ? -. J'ai du mal à concevoir un paradis carnivore. Tant pis si je blasphème, j'aimerais que cela change. Je ne conçois pas non plus un Dieu d'amour qui serait, lors du jugement dernier, juge de nos âmes et juge de l'application des peines...





VIII - Rencontre __

Cette année-là fut une année où beaucoup parlèrent d'O.V.N.I. J'ai attendu trois années, avant de me décider à passer un coup de téléphone à l'aéroport le plus proche du phénomène que j'avais rencontré. J'ai posé beaucoup de questions, mais je n'ai rien raconté de ce qui m'était arrivé. Je l'avais vécu, mais je cherchais par tous les moyens à l'expliquer autrement et rationnellement, et encore plus à le nier. C'était une belle soirée d'été. Je rentrais chez moi, en voiture, avec mon fils, par mon trajet habituel, sur les petites routes de campagne déserte. J'empruntais ce même chemin, très souvent, et sans problème. Le ciel était dégagé, clair; étoilé. Sur une portion de route, droite sur plusieurs kilomètres, au loin, sur ma gauche, je remarquais dans le ciel un appareil qui volait parallèlement à ma voiture et, me semblait-il, à la même vitesse. Je n'étais pas inquiète, dans cette direction, il y avait un aéroport. Dans les rares petits villages que j'avais traversés, les fenêtres étaient ouvertes et allumées. J'ai su plus tard que, ce soir-là, avait eu lieu le premier vol Paris-Londres, de l'avion Concorde. Ce vol passait au-dessus de mon trajet. Les gens avertis avaient observé le ciel. Mais, d'après la personne qui m'a répondu au téléphone, à l'aéroport, trois ans plus tard, je suis la seule à avoir observé ce que j'ai vu. Aucune des hypothèses et explications avancées n'étaient possibles. Pire encore, cette personne m'écoutait attentivement et ne se moquait pas. En une fraction de seconde, l'appareil qui était au loin, s'est retrouvé au-dessus de ma voiture, à faible altitude, sans que je sache comment, ni que je le vois approcher. Ce que j'ai ressenti, alors, est indescriptible. Avec le temps, je n'ai plus que des brides de souvenirs, à raconter, tant j'ai cherché à effacer.





Cet appareil n'a été vu sur aucun radar. Il ne s'agissait pas d'un hélicoptère, ni d'un dirigeable cherchant sa route... Il était, à la fois, capable d'aller très vite, et de faire du sur-place. Il ne faisait aucun bruit. Il s'agit d'un moment de véritable panique. Quelque chose de triangulaire couvrait ma voiture en la survolant. La masse était sombre, gris foncé métallisé, avec quelques lumières vertes et rouges sous les ailes. Ma radio s'est coupée toute seule dans la voiture, et mon fils de dix ans, qui ne dormait jamais durant ce trajet, s'est, brutalement et instantanément, endormi, comme si une protection lui était accordée. Et là, va s'établir une sorte de dialogue intérieur hallucinant. J'avais peur que mon moteur de voiture se coupe également, comme ma radio. Mais, il a tenu bon, ainsi que mon pied sur la pédale d'accélarateur. Ce que j'ai entrevu alors, dépasse mon entendement. J'avais l'impression de défendre ma peau et j'y tenais ! J'ai senti leur regard. Ils étaient deux. Et, à travers leur regard, je les apercevais. Et, à travers eux, j'apercevais, furtivement, tout un autre monde. C'étaient des visiteurs, non pas d'une autre planète, mais du futur de la terre. Je les ai surnommés les fils des ténèbres. Ils n'étaient pas des dieux, ni des anges, ni des démons, ni des esprits. Ils avaient traversé une porte temporelle. Tout s'est joué en à peine quelques minutes. J'ai regardé droit devant moi. J'ai coincé mon pied, à fond, sur l'accélérateur, y compris dans les virages, et je ne l'ai enlevé qu'à mon arrivée devant ma maison. C'est le plus long trajet de une heure que j'ai jamais effectué en voiture ! Je savais qu'ils me laissaient partir, et je n'avais pas envie qu'ils reviennent sur cette permission, ou hésitation ou désintérêt... Mon coeur battait la chamade, une forte chaleur irradiait de ma thyroïde...





Quelque soit l'hypothèse retenue pour le phénomène survenu, ma conviction demeure que, durant ces secondes, si cela n'est pas venu d'eux, et s'ils n'étaient pas des visiteurs du temps, moi, en tout cas, j'ai franchi par l'esprit, et dans la panique, une sorte de portail spatio-temporel. Mon esprit a imprimé certaines choses, bien peu, mais tout de même très étonnantes et pas du tout encourageantes pour notre futur. Réalité ou non de la rencontre, pilote irresponsable de notre génération ou du futur, la seule vraie question qui me reste, est celle de ma vision de notre futur. Dès que j'ai senti leur regard, je me suis mise, non pas à supplier, mais dans un but similaire, à dire et à redire mentalement, que je n'avais aucun intérêt pour eux, que j'étais bête, quelconque, sans importance, avec une santé fragile. Je ressentais que, pour eux, l'humain était moins que le rat dans son labyrinthe de laboratoire : - une simple curiosité -. Nous étions moins, pour eux, que les animaux le sont, pour nous, dans notre monde actuel. Nous étions une espèce disparue et arriérée qu'ils cherchaient à étudier. Ils n'établissaient aucun point de comparaison et similitude entre nous et eux. J'ai d'ailleurs mentalisé, pour eux, l'image du rat dans son labyrinthe, comme centre d'intérêt. Je n'ai pas attendu de réponse, j'ai filé. J'avais l'impresson d'être un animal traqué, pris au piège, et ne désirais ni dialoguer, ni comprendre.

OVNI APOCALYPSE

IX - Les visiteurs __

Ce que j'ai vu de leur physique, par l'esprit : une partie de leur visage. Mais, je ne me souviens pas des yeux, sauf qu'ils étaient de couleur foncée, car leur regard était dans le mien. Ils se tenaient à la verticale et, en même temps, perdiculairement par rapport à moi. Leur allure, bien qu'ils fussent assis dans leur vaisseau, était similaire à la nôtre. Ils étaient de type asiatique. Leur peau était gris-jaune foncé. La différence physique minime entre nous, résidait dans leur visage. Leurs traits étaient très réguliers et ils se ressemblaient entre eux. Leurs caractérisques globales apparentes étaient masculines. Ils avaient développé un lobe préfrontal très supérieur au nôtre, avec des capacités nouvelles plus performantes. Leur front était plus haut que le nôtre, sans disgrâce, selon nos critères. Leurs cheveux étaient foncés, avec une coupe de type militaire. L'ensemble du visage me faisait penser au visage de l'enfant de cinq ans, avec au centuple, toutes les capacités cérébrales possédées à cet âge. Les pommettes étaient hautes. Nez, bouche, menton étaient petits, réguliers et, comme chez le jeune enfant, les proportions de ce niveau de visage étaient inférieures à celles de l'étage supérieur : yeux et front. Il y avait en dehors du physique, plus de différence entre nous et eux, que entre nous et nos animaux... Pour eux, nous n'avions même pas le statut de primitifs. Tous mes poils étaient hérissés. Je ne ressentais pas chez eux, l'illogisme de notre affectif, qualité que je revendique pour définir l'humain et que j'ose élargir au règne animal, souvent plus humain que nous. Ils m'ont semblés sages, leur intelligence et leur raison maîtrisaient leur affectif. Ils étaient, pour moi, trop logiques et trop contrôlés. Chez eux, et en eux, il faisait noir avec densité, malgré l'éclat de leur intellect. J'avoue que je n'ai ressenti, peut-être à tort, que horreur, répulsion et terreur.





Rentrée chez moi, je n'ai rien dit, espérant être débarrassée de ces visiteurs. Il faut croire qu'ils avaient une âme de vétérinaire. Je souffrais de troubles neuro-musculaires pénibles que je contrôlais mal. Un soir, couchée dans mon lit, j'ai vu devant ma fenêtre, à mi- hauteur, à travers le double rideau de ma chambre, deux phares plus hauts que ceux d'un gros camion. Il n'y avait aucun bruit. En soi-même, la situation ne paraissait pas affolante, les phares ne sont pas sensés faire peur. Ils étaient immobiles. Seulement, il n'y avait entre ma fenêtre et le mur de la maison d'en face, aucune place pour un quelconque véhicule, stationnant en travers de la petite ruelle, totalement silencieux, et ayant des phares allumés à presque deux mètres de hauteur ! J'ai refermé les yeux. Dans ma tête s'est produit comme un feu d'artifice lumineux d'étoiles jaunes. J'ai dit merci, et je me suis endormie, choisissant d'ignorer et de ne pas regarder. J'ai décidé que mon voisin camioneur avait oublié d'éteindre ses phares, ce qu'il a nié le lendemain. Ma santé s'est effectivement beaucoup améliorée, quant à ce problème neuro-musculaire. Et, je m'accroche à l'idée que mes prières ont été, tout simplement, exaucées. Cependant, quatre mois plus tard, j'avais vendu ma maison, quitté le petit village, et j'habitais en région parisienne, heureuse de me dire que, là, il y avait beaucoup trop d'habitants pour que j'y sois retrouvée. Et, je pensais que, au cas où, il y aurait parmi tous ces gens, des cas beaucoup plus intéressants que le mien à étudier ! Je ne suis pas charitable... Aujourd'hui encore, j'éprouve un malaise, quand je ne me sens pas entourée et perdue dans la foule protectrice. Et, j'ai gardé de cet épisode, le besoin de vivre dans des lieux d'où je peux observer et surveiller le ciel...





X - Le soir __

Dans la prière du - Notre Père -, j'aime cette phrase : - que ton règne arrive, que ta volonté soit faite -. Tout comme la Génèse qui parle, symboliquement, de la création de la terre en six jours, ce ne fut pas l'apocalypse, telle que nous l'imaginons, mais une lente agonie de la création et de la vie. Nous avions l'illusion d'un foisonnement de vie, dans un monde surpeuplé d'humains déconnectés de la nature qu'ils avaient envahie et détruite. Et quand il n'y eut plus de place pour la flore et la faune, alors l'humain s'aperçut de l'évidence d'un déséquilibre devenu irréparable. Et, l'humain, dernier représentant de cette faune, dépendant de la flore, se mit aussi à disparaître, n'ayant plus, lui non plus, nulle part où exister. Nous ne sommes qu'au soir du dernier jour. Eux, ces visiteurs du futur, sont dans le noir, les ténèbres. Et, ils sont notre futur. Dans ma rencontre avec eux, j'ai vu peu de choses, et sûrement mal interprété, mais, c'est encore trop dans l'inacceptable ! Ce récit pose, sans doute, beaucoup plus de questions qu'il n'apporte de réponses et de révélations. Pour le futur de la planète, deux axes s'opposent et se complètent : - la croyance dans une âme universelle et l'avenir des connaissances scientifiques -. Pour l'âme, nous sommes dans le domaine de la foi. Pour la science et ses applications, quelques hypothèses m'interpellent. Des enseignements très anciens, datant d'avant notre ère chrétienne, nous apprennent que temps, espace et matière sont divisibles à l'infini, sans qui'il puisse jamais y avoir une réelle continuité. Il existe toujours un espace restant entre deux infinis petits.

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Des théories modernes nous parlent d'espace-temps courbe, censé toujours revenir ainsi, à son point de départ, dans un processus où rien ne pourrait dépasser la vitesse de la lumière, si ce ne sont l'âme, la pensée, l'amour... Et, par rapport à ces domaines, ma question est qu'est-ce que la lumière ? Avec ces visiteurs, en une fraction de seconde, j'ai perçu qu'il y aurait une relation entre vitesse, espace-temps et vibration de la matière, lorsqu'elle peut être orientée et maîtrisée. J'ai ressenti qu'il pouvait y avoir dans les zones de l'infini, tout et son inverse, avec des trous de discontinuité entre des mondes devenant ainsi parallèles, et déterminant une infinité de couloirs que nos visiteurs du temps ont appris à emprunter, en utilisant le point d'équilibre entre les contraires. Un des moteurs semblait être l'énergie électro-magnétique. Nos repères à trois dimensions et notre informatique balbutiante, s'étaient démultipliés. Pour eux , la matière qui vibre selon une longueur d'onde, dans toutes les composantes de l'infini petit à l'infini grand, n'est qu'un rayonnement qui peut se traverser. Pour ces visiteurs, la limite et le repère restait le temps de leur horloge intérieure intrinsèque. Je ne me suis pas sentie envieuse de leur réalité. J'ai eu la sinistre impression que pour eux, Dieu était néant. Nous nous sommes encore riches et bénis. Par contre une pensée m'a amusée : blasés par toutes les innovations de nos technologies modernes, Nous serions incapables de reconnaître la réalité du merveilleux, et du supra-naturel, en gardant toujours à l'idée qu'il peut y avoir mieux, qu'il y a forcément un trucage, et que cela doit être explicable.... Il est vrai que le temps de ma rencontre avec cet objet volant a été bien court, et sujet à polémique. Mais, depuis, je sens que certains progrès de la science, ne seront vraiment avantageux pour notre monde que si nos mentalités sont en adéquation avec des applications bénéfiques pour notre futur.

OVNI CHAMANISME

XI - Ravages __

Ces visiteurs venaient de notre futur, un futur où, nous, nous n'existions plus. Ils exploraient. J'évalue à plusieurs millénaires le temps qui nous sépare d'eux, et de cette évolution de notre espèce humaine. Est-ce pour autant que nous devons considérer que cela ne nous intéresse pas, ne nous regarde pas et ne nous concerne pas ? Cela n'arrivera pas, parce que cela ne nous arrive pas, ici et maintenant. Ils étaient les représentants des descendants des très rares survivants qui avaient, ensuite, évolué sur notre planète dévastée, ravagée, anéantie de toute vie. Ils étaient peu nombreux. De leur monde, je n'ai entre-aperçu que très peu, à travers leur regard. Tout en nous ressemblant, ils étaient très loin de ce que nous considérons comme humain, dans tous les sens les plus nobles du terme. Ce n'étaient pas des mutants, mais leurs capacités cérébrales avaient évolué de façon très supérieure aux nôtres, dans le domaine du mental, des connaissances et de la maîtrise du rationnel. Je n'ai ressenti que frayeur, alors qu'ils n'étaient pas animés de mauvaises intentions. Eux aussi, voulaient comprendre, et tout les intéressait. Rien de ce que nous étions, de ce que nous avions, de ce que nous vivions, et de la nature environnante, rien n'avait subsisté et n'avait ni équivalent, ni de souvenirs dans leur monde. Ils avaient oublié notre monde, rien ne leur avait été transmis. Ils découvraient, étaient en recherche. Notre monde, et nous-mêmes, leur étions inconnus... Non, la vie et sa régénération, telle que nous la connaissons, ne furent pas inépuisables. Leur monde était noir, plongé dans les ténèbres, sans ciel étoilé. La mer, étalée entièrement sur toute la surface du globe, était couverte d'une épaisse couche ressemblant à du goudron. Je n'ai pas perçu qu'ils aient la notion de sexe féminin, ni existence de vies extra-terrestres. Je n'ai vu ni vieillards, ni enfants, ni animaux.





Ils avaient tous un seul langage, et étaient capables de le mentaliser pour communiquer. Ils vivaient dans des bases entièrement fermées, souterraines. J'ai entre-aperçu au fond de leur base, une salle à lumière blanche, au-dessus de cultures de petites plantes à feuillage rond vert pâlot. J'ai senti qu'ils voulaient que j'ai cette vision, car ils en étaient fiers. Peut-être, rêvaient-ils, en le découvrant, de récréer notre monde, ou de modifier ce qui avait dérapé ? Ou peut-être, éprouvaient-ils de la curiosité, pour un monde qu'ils considéraient comme inférieur et du registre du zoo ? Mais, ils nous respectaient, probablement plus que nous ne le faisons nous-mêmes, et que nous respectons notre environnement et le futur que nous allons engendrer. Peut-être, étaient-ils à la recherche de leur paradis terrestre ? Leur voyage témoignait de la fin du voyage de notre planète. Ils possédaient le vide et les ténèbres de notre monde détruit.





XII - Espoir __

Je souhaite laisser quelques pages blanches à la fin de ce récit, pour que chacun de ceux qui le liront, puisse y écrire et compléter au fil du temps, leurs idées. Souhait stérile ?, le temps le dira. Chacun peut apporter une pierre à l'ouvrage. Chaque prise de conscience est une lumière qui s'allume sur le chemin des bilans et remèdes. Les visiteurs n'ont ni dit, ni montré où et comment cela a dérapé. J'ai quand même idée que s'ils venaient là, c'est qu'il y avait quelque chose qui les intéressait et que nous devrions être assez mâtures pour comprendre la nécessité de réflechir... Mais, il est possible que personne ne soit jamais venu d'un au-delà, de l'éternité et de l'infini qui n'existent pas puisque nous ne pouvons les concevoir. Dans ce cas, que faisons-nous là ? La vie, et ce qui l'anime, n'est-elle que l'illusion insconsciente d'un rêve, dans l'illusion de l'existence de l'univers ? Nous avons fini par accepter que notre planète ne soit pas le centre de l'univers, mais elle est peut-être, quand même le centre du mystère de l'âme de la vie ? Ou devons-nous définir la vie et la conscience, comme une suite surprenante, anecdotique et passagère de hasards ? Mais, là encore, ne faudrait-il pas opposer le hasard à son contraire ? Pouvons-nous communier et fusionner dans l'infini de l'éternité, dont nous sommes issus, et voulons-nous ? Notre rationalisme est rassurant dans le quotidien de nos vies. Mais, l'existence de l'univers reste hors de portée de notre compréhension et de nos rationnalisations. L'existence de l'univers dans l'infini, demeure, avec la notion de Dieu : - le Mystère -, que celui-ci inclut ou non, nos existences et notre réalité.

EROTOMANIE

XIII - Paraphrénie-érotomaniaque __

Je commence par me servir en premier, des pages blanches à disposition, en cette fin de récit, pour laisser libre cours à mes délires actuels. Il me semble utile de compléter par le côté obscure et tourmenté de mon âme. J'avais reçu, en héritage, une charge de chamane dont je n'ai pas voulu, malgré le redoutable destin prédit, par la tradition, à celui qui se dérobe. Aujourd'hui encore, je ressens toujours de la honte à entrer dans ce domaine. Guérir ou soulager par la prière, en imposant les mains, sur des milliers de patients, je n'y ai succombé que trois ou quatre fois, et encore, seule, et sur des sujets inconscients ! Ce pouvoir qui n'était pas mien et que je ne faisais que véhiculer, je ne l'ai jamais maîtrisé, et n'ai jamais cherché à le faire, malgré son aspect bénéfique. Les animaux en souffrance, viennent à moi, mais je ne supporte pas d'être incapable d'apporter le secours et les soins demandés par ceux que j'appelle affectueusement - les petites âmes -, et que notre monde malmène. Lire l'avenir : ce que je vois, n'est que parcellaire et difficile à interpréter. Et, que puis-je changer à cet avenir ? Est-il bien utile et charitable d'annoncer à quelqu'un, la date de sa mort ? Car, entre naissance et décès, bien peu d'entre nous ont des destins exceptionnels, marquant la destinée de l'humanité. Annoncer cette date de décès, le plus souvent seulement probable, car il s'agit de dates multiples de risque, je ne l'ai fait qu'une fois. Les âmes présentes, ce jour-là, dans ce lieu, et moi-même, étions en colère. Je ne l'ai pas regretté, mais je ne m'en suis pas réjoui. Je ressentais derrière les lunettes noires que cet homme mettait désormais, en ma présence, la douleur de son regard, et une prière, comme si j'avais un quelconque pouvoir sur ce qui lui arrivait. J'espère que les âmes qui l'attendaient de l'autre côté s'étaient appaisées, car ces âmes avaient été celles de bonnes personnes.





Il est vrai que, pour moi, ces pseudo-pouvoirs mettent jeu une exacerbation d'émotions qu'il ne m'est pas simple de mobiliser et gérer, en restant stable et lucide. C'est douloureux et, il est interdit d'en tirer le moindre profit personnel. Ce qui m'affole, est d'ignorer quelle sorte de magie est mise en oeuvre dans cette charge chamanique. Quel en est le prix dans l'équilibre entre le bien et le mal, et qui doit en payer le prix ? Je ne suis pas bonne, mais empathique. Cela m'incite par intérêt, à ne pas faire de mal à autrui, pour en éviter le ressenti en retour. J'ai vécu toute ma vie, à côté d'âmes amies, réconfortantes, protectrices et chaleureuses. Elles choisissent de venir, mais personne n'a le pouvoir de les y obliger. Cachée et silencieuse sur ce sujet, je pensais que nul ne me découvrirait, jusqu'à ce je me livre, seule, à un rituel de prières, un soir de sabbah, suite au décès récent de deux amies. Cette cérémonie n'a rien de spectaculaire, elle est identique à celle que beaucoup d'entre vous effectuent, sans s'en rendre compte, machinalement, avec les prières des offices religieux, lors des évènements principaux de nos vies. Dans ma fonction de chamane, je suis passeuse d'âmes, à la porte des enfers. Quel mal y a-t-il à accompagner les âmes lumineuses d'amis que l'on a connus, vers leur au-delà ? Chamane ou non, je ne suis pas la seule à utiliser la prière dans les moments exceptionnels. Aujourd'hui, depuis ce rituel, mon appartement que je surnommais - le hall de gare des âmes - est vide... Ce qui m'a déconcertée et inquiétée, est d'avoir découvert, durant mon rituel de prière de deuil du sabbah, que mon âme était unie, dans l'au-delà, pour l'éternité, devant Dieu, à quelqu'un que je ne connaissais pas, et que je ne reconnais pas dans cette vie.





Je l'ai probablement appelé avec mes prières, pour qu'il m'aide durant la cérémonie. J'ai l'impression d'avoir ouvert une porte que je n'arrive plus à refermer. J'aime fantasmer, mais je n'étais jamais restée coincée, ainsi, dans un de mes caprices passagers. Je me suis sentie humiliée, car cette autre partie de mon âme, avec laquelle je pourrais fusionner dans un suprême absolu, habite, à l'inverse de moi, un corps jeune et beau... Cependant, l'incertitude demeure : est-ce lui, ou une autre entité ? Je redoute le pire, et la rencontre avec un être immonde, pour lequel j'aurais imaginé cette trompeuse enveloppe corporelle et cette identité. Des voix m'ont soufflé qu'il est ivre d'orgueil et de ses pouvoirs que, lui, il a cultivés, en s'entourant de guides spirituels. Une voix âgée, masculine, qui tournait en boucle au téléphone, m'a appris ceci : - bien qu'unis pour l'éternité devant Dieu, - ils - ne - les - ont pas autorisés à vivre ensemble, dans cette vie -. J'ai repensé au mythe d'Asmodée et de Ninive, décliné dans diverses versions et sous divers noms, de façon relativement similaire, à travers les temps et diverses âmes. Ce mythe parle d'un amour éperdu, mais aussi de démons et d'enfers et de Dieu qui prend en pitié cet amour, et le sauve. Mon coeur, mon âme, mon corps s' élancent et entrent en lui. Je souffre, je l'appelle, il est là et je ressens le puissance de sa présence. Mais, ma raison dit -non - et - dehors -, c'est interdit. Je dois me résigner. Pourtant, depuis cette rencontre durant mon sabbah de prières, j'ai cessé de faire le cauchemar qui me poursuivait depuis des années. Je n'erre plus seule, perdue et désespérée à la recherche de ma maison. Dans mon sommeil, il m'a tendu une main secourable. J'ai vu un arc-en-ciel illuminer la nuit, et mon coeur a trouvé la paix dans le rêve. Mais, ce nouveau rêve a eu, ensuite, une autre conclusion, plus surprenante pour moi : j'entends frapper à la porte de chez moi, j'ouvre la porte, et je me vois, moi, en face de moi-même, sur le pas de ma porte...





De loin, j'ai ressenti chez cet être de la colère, de la frustration, une incompréhension, une errance affective. Je crois que, lui aussi, a été surpris et déconcerté par notre rencontre spirituelle. Je suis ébranlée, perturbée. Il m'attire comme un aimant, occupe toutes mes pensées, mais, il faut que j'accepte librement sa présence pour qu'il me rejoigne et réciproquement. Et, je compte sur cette réciprocité pour faire barrage. Je me bats avec moi-même. Je suis lente à comprendre, à réagir et à passer à autre chose. Je me réjouis que ce ne soit pas le cas de cette personne pour ce que je pense avoir perçu de lui. L'instant de curiosité dépassé, il m'a semblé rapide à pouvoir emprunter un autre chemin plus concret pour sa vie. Une question m'a contrarié, qui sont ces - ils - qui n'ont pas donné leur autorisation. Je me demande à quoi vont leur servir tous ces pouvoirs spirituels, à ces illuminés de - ils -, qu'ils accumulent, tels des savants fous, dans le temporel... Si j'obéis, ce n'est pas à eux, car j'aime transgresser, et relever les défis perdus d'avance. Une autre voix intérieure que je crois avoir reconnue, m'a dit que cela ne me regardait pas et ne me concernait pas. Et, si je n'étais pas encore assez déboussolée et préoccupée par mon questionnement intérieur, j'ai trouvé, comme des réponses, dans une pièce que je rénovais, des inscriptions illogiques, incrustées dans le sol : - Dieu l'envoie -, puis, - la gloire de Dieu triomphe -. J'ai prié pour que la mort corporelle de celui que j'ai ressenti comme la moitié de mon âme, soit reculée. Deux années de sursis lui auraient été accordées. Il m'a été demandé, comme une reproche, si j'étais consciente du mal supplémentaire qu'il pourra faire pendant ces deux années. Je n'ai pas compris, mais, cela m'a rendu méfiante à l'égard de cet être. Il resterait donc, six années, sans rien comprendre, ni poser de questions, à me regarder seule et vieille, éprise et obsédée, à la folie, par un amour maudit, pour un inconnu que je ne rencontrerai jamais et auquel je survivrai durant de nombreuses années, tout en supposant qu'il est celui auquel j'ai pensé... Et, il est probable que je ne le retrouverais pas dans l'au-delà, car nous y étions unis, pour l'éternité, jusqu'à ce que une de nos vies réincarnées nous sépare...

DEBAT

EROTOMANIE-RESURRECTION-OVNI-APOCALYPSE-CHAMANISME-DEBAT SURNATUREL sur RECIT LE SOIR DU DERNIER JOUR

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