IX - Les visiteurs __

Ce que j'ai vu de leur physique, par l'esprit : une partie de leur visage. Mais, je ne me souviens pas des yeux, sauf qu'ils étaient de couleur foncée, car leur regard était dans le mien. Ils se tenaient à la verticale et, en même temps, perdiculairement par rapport à moi. Leur allure, bien qu'ils fussent assis dans leur vaisseau, était similaire à la nôtre. Ils étaient de type asiatique. Leur peau était gris-jaune foncé. La différence physique minime entre nous, résidait dans leur visage. Leurs traits étaient très réguliers et ils se ressemblaient entre eux. Leurs caractérisques globales apparentes étaient masculines. Ils avaient développé un lobe préfrontal très supérieur au nôtre, avec des capacités nouvelles plus performantes. Leur front était plus haut que le nôtre, sans disgrâce, selon nos critères. Leurs cheveux étaient foncés, avec une coupe de type militaire. L'ensemble du visage me faisait penser au visage de l'enfant de cinq ans, avec au centuple, toutes les capacités cérébrales possédées à cet âge. Les pommettes étaient hautes. Nez, bouche, menton étaient petits, réguliers et, comme chez le jeune enfant, les proportions de ce niveau de visage étaient inférieures à celles de l'étage supérieur : yeux et front. Il y avait en dehors du physique, plus de différence entre nous et eux, que entre nous et nos animaux... Pour eux, nous n'avions même pas le statut de primitifs. Tous mes poils étaient hérissés. Je ne ressentais pas chez eux, l'illogisme de notre affectif, qualité que je revendique pour définir l'humain et que j'ose élargir au règne animal, souvent plus humain que nous. Ils m'ont semblés sages, leur intelligence et leur raison maîtrisaient leur affectif. Ils étaient, pour moi, trop logiques et trop contrôlés. Chez eux, et en eux, il faisait noir avec densité, malgré l'éclat de leur intellect. J'avoue que je n'ai ressenti, peut-être à tort, que horreur, répulsion et terreur.





Rentrée chez moi, je n'ai rien dit, espérant être débarrassée de ces visiteurs. Il faut croire qu'ils avaient une âme de vétérinaire. Je souffrais de troubles neuro-musculaires pénibles que je contrôlais mal. Un soir, couchée dans mon lit, j'ai vu devant ma fenêtre, à mi- hauteur, à travers le double rideau de ma chambre, deux phares plus hauts que ceux d'un gros camion. Il n'y avait aucun bruit. En soi-même, la situation ne paraissait pas affolante, les phares ne sont pas sensés faire peur. Ils étaient immobiles. Seulement, il n'y avait entre ma fenêtre et le mur de la maison d'en face, aucune place pour un quelconque véhicule, stationnant en travers de la petite ruelle, totalement silencieux, et ayant des phares allumés à presque deux mètres de hauteur ! J'ai refermé les yeux. Dans ma tête s'est produit comme un feu d'artifice lumineux d'étoiles jaunes. J'ai dit merci, et je me suis endormie, choisissant d'ignorer et de ne pas regarder. J'ai décidé que mon voisin camioneur avait oublié d'éteindre ses phares, ce qu'il a nié le lendemain. Ma santé s'est effectivement beaucoup améliorée, quant à ce problème neuro-musculaire. Et, je m'accroche à l'idée que mes prières ont été, tout simplement, exaucées. Cependant, quatre mois plus tard, j'avais vendu ma maison, quitté le petit village, et j'habitais en région parisienne, heureuse de me dire que, là, il y avait beaucoup trop d'habitants pour que j'y sois retrouvée. Et, je pensais que, au cas où, il y aurait parmi tous ces gens, des cas beaucoup plus intéressants que le mien à étudier ! Je ne suis pas charitable... Aujourd'hui encore, j'éprouve un malaise, quand je ne me sens pas entourée et perdue dans la foule protectrice. Et, j'ai gardé de cet épisode, le besoin de vivre dans des lieux d'où je peux observer et surveiller le ciel...





X - Le soir __

Dans la prière du - Notre Père -, j'aime cette phrase : - que ton règne arrive, que ta volonté soit faite -. Tout comme la Génèse qui parle, symboliquement, de la création de la terre en six jours, ce ne fut pas l'apocalypse, telle que nous l'imaginons, mais une lente agonie de la création et de la vie. Nous avions l'illusion d'un foisonnement de vie, dans un monde surpeuplé d'humains déconnectés de la nature qu'ils avaient envahie et détruite. Et quand il n'y eut plus de place pour la flore et la faune, alors l'humain s'aperçut de l'évidence d'un déséquilibre devenu irréparable. Et, l'humain, dernier représentant de cette faune, dépendant de la flore, se mit aussi à disparaître, n'ayant plus, lui non plus, nulle part où exister. Nous ne sommes qu'au soir du dernier jour. Eux, ces visiteurs du futur, sont dans le noir, les ténèbres. Et, ils sont notre futur. Dans ma rencontre avec eux, j'ai vu peu de choses, et sûrement mal interprété, mais, c'est encore trop dans l'inacceptable ! Ce récit pose, sans doute, beaucoup plus de questions qu'il n'apporte de réponses et de révélations. Pour le futur de la planète, deux axes s'opposent et se complètent : - la croyance dans une âme universelle et l'avenir des connaissances scientifiques -. Pour l'âme, nous sommes dans le domaine de la foi. Pour la science et ses applications, quelques hypothèses m'interpellent. Des enseignements très anciens, datant d'avant notre ère chrétienne, nous apprennent que temps, espace et matière sont divisibles à l'infini, sans qui'il puisse jamais y avoir une réelle continuité. Il existe toujours un espace restant entre deux infinis petits.

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Des théories modernes nous parlent d'espace-temps courbe, censé toujours revenir ainsi, à son point de départ, dans un processus où rien ne pourrait dépasser la vitesse de la lumière, si ce ne sont l'âme, la pensée, l'amour... Et, par rapport à ces domaines, ma question est qu'est-ce que la lumière ? Avec ces visiteurs, en une fraction de seconde, j'ai perçu qu'il y aurait une relation entre vitesse, espace-temps et vibration de la matière, lorsqu'elle peut être orientée et maîtrisée. J'ai ressenti qu'il pouvait y avoir dans les zones de l'infini, tout et son inverse, avec des trous de discontinuité entre des mondes devenant ainsi parallèles, et déterminant une infinité de couloirs que nos visiteurs du temps ont appris à emprunter, en utilisant le point d'équilibre entre les contraires. Un des moteurs semblait être l'énergie électro-magnétique. Nos repères à trois dimensions et notre informatique balbutiante, s'étaient démultipliés. Pour eux , la matière qui vibre selon une longueur d'onde, dans toutes les composantes de l'infini petit à l'infini grand, n'est qu'un rayonnement qui peut se traverser. Pour ces visiteurs, la limite et le repère restait le temps de leur horloge intérieure intrinsèque. Je ne me suis pas sentie envieuse de leur réalité. J'ai eu la sinistre impression que pour eux, Dieu était néant. Nous nous sommes encore riches et bénis. Par contre une pensée m'a amusée : blasés par toutes les innovations de nos technologies modernes, Nous serions incapables de reconnaître la réalité du merveilleux, et du supra-naturel, en gardant toujours à l'idée qu'il peut y avoir mieux, qu'il y a forcément un trucage, et que cela doit être explicable.... Il est vrai que le temps de ma rencontre avec cet objet volant a été bien court, et sujet à polémique. Mais, depuis, je sens que certains progrès de la science, ne seront vraiment avantageux pour notre monde que si nos mentalités sont en adéquation avec des applications bénéfiques pour notre futur.