XI - Ravages __

Ces visiteurs venaient de notre futur, un futur où, nous, nous n'existions plus. Ils exploraient. J'évalue à plusieurs millénaires le temps qui nous sépare d'eux, et de cette évolution de notre espèce humaine. Est-ce pour autant que nous devons considérer que cela ne nous intéresse pas, ne nous regarde pas et ne nous concerne pas ? Cela n'arrivera pas, parce que cela ne nous arrive pas, ici et maintenant. Ils étaient les représentants des descendants des très rares survivants qui avaient, ensuite, évolué sur notre planète dévastée, ravagée, anéantie de toute vie. Ils étaient peu nombreux. De leur monde, je n'ai entre-aperçu que très peu, à travers leur regard. Tout en nous ressemblant, ils étaient très loin de ce que nous considérons comme humain, dans tous les sens les plus nobles du terme. Ce n'étaient pas des mutants, mais leurs capacités cérébrales avaient évolué de façon très supérieure aux nôtres, dans le domaine du mental, des connaissances et de la maîtrise du rationnel. Je n'ai ressenti que frayeur, alors qu'ils n'étaient pas animés de mauvaises intentions. Eux aussi, voulaient comprendre, et tout les intéressait. Rien de ce que nous étions, de ce que nous avions, de ce que nous vivions, et de la nature environnante, rien n'avait subsisté et n'avait ni équivalent, ni de souvenirs dans leur monde. Ils avaient oublié notre monde, rien ne leur avait été transmis. Ils découvraient, étaient en recherche. Notre monde, et nous-mêmes, leur étions inconnus... Non, la vie et sa régénération, telle que nous la connaissons, ne furent pas inépuisables. Leur monde était noir, plongé dans les ténèbres, sans ciel étoilé. La mer, étalée entièrement sur toute la surface du globe, était couverte d'une épaisse couche ressemblant à du goudron. Je n'ai pas perçu qu'ils aient la notion de sexe féminin, ni existence de vies extra-terrestres. Je n'ai vu ni vieillards, ni enfants, ni animaux.





Ils avaient tous un seul langage, et étaient capables de le mentaliser pour communiquer. Ils vivaient dans des bases entièrement fermées, souterraines. J'ai entre-aperçu au fond de leur base, une salle à lumière blanche, au-dessus de cultures de petites plantes à feuillage rond vert pâlot. J'ai senti qu'ils voulaient que j'ai cette vision, car ils en étaient fiers. Peut-être, rêvaient-ils, en le découvrant, de récréer notre monde, ou de modifier ce qui avait dérapé ? Ou peut-être, éprouvaient-ils de la curiosité, pour un monde qu'ils considéraient comme inférieur et du registre du zoo ? Mais, ils nous respectaient, probablement plus que nous ne le faisons nous-mêmes, et que nous respectons notre environnement et le futur que nous allons engendrer. Peut-être, étaient-ils à la recherche de leur paradis terrestre ? Leur voyage témoignait de la fin du voyage de notre planète. Ils possédaient le vide et les ténèbres de notre monde détruit.





XII - Espoir __

Je souhaite laisser quelques pages blanches à la fin de ce récit, pour que chacun de ceux qui le liront, puisse y écrire et compléter au fil du temps, leurs idées. Souhait stérile ?, le temps le dira. Chacun peut apporter une pierre à l'ouvrage. Chaque prise de conscience est une lumière qui s'allume sur le chemin des bilans et remèdes. Les visiteurs n'ont ni dit, ni montré où et comment cela a dérapé. J'ai quand même idée que s'ils venaient là, c'est qu'il y avait quelque chose qui les intéressait et que nous devrions être assez mâtures pour comprendre la nécessité de réflechir... Mais, il est possible que personne ne soit jamais venu d'un au-delà, de l'éternité et de l'infini qui n'existent pas puisque nous ne pouvons les concevoir. Dans ce cas, que faisons-nous là ? La vie, et ce qui l'anime, n'est-elle que l'illusion insconsciente d'un rêve, dans l'illusion de l'existence de l'univers ? Nous avons fini par accepter que notre planète ne soit pas le centre de l'univers, mais elle est peut-être, quand même le centre du mystère de l'âme de la vie ? Ou devons-nous définir la vie et la conscience, comme une suite surprenante, anecdotique et passagère de hasards ? Mais, là encore, ne faudrait-il pas opposer le hasard à son contraire ? Pouvons-nous communier et fusionner dans l'infini de l'éternité, dont nous sommes issus, et voulons-nous ? Notre rationalisme est rassurant dans le quotidien de nos vies. Mais, l'existence de l'univers reste hors de portée de notre compréhension et de nos rationnalisations. L'existence de l'univers dans l'infini, demeure, avec la notion de Dieu : - le Mystère -, que celui-ci inclut ou non, nos existences et notre réalité.