VII - Automatisme mental ? __

N'hallucine pas qui veut. Peut-être suis-je selon le jargon psychiatrique, une productive, mais seule cette voix durant toute ma vie, a été clairement audible et identifiable, dans ma tête. Je ne peux pas nier avoir ressenti d'autres - frôlements -, plus de l'ordre de la réflexion intérieure. Ils ne m'ont jamais empli de cette extraordinaire et infinie présence, et ne m'ont jamais inspiré et saisie d'une telle crainte et d'un tel respect. Les sceptiques me demanderont si j'ai eu les numéros du loto ! Oui, une seule fois, mais, pas par cette voix. Je suis allée les jouer, avec une totale certitude. J'ai fait la queue pour jouer. Il restait une personne devant moi. Et, j'ai été prise de panique. J'ai fait demi-tour, en me répétant que cela était interdit. Je ne joue que très rarement, car je n'aime pas perdre... Mais, cette fois-là est restée dans ma mémoire, car les numéros sont bel et bien sortis ! J'entre très rarement dans les églises, je m'y sens oppressée, impatiente et déplacée. J'ai la foi, mais ma pratique religieuse est tiède. Cependant, mon coeur se serre, à chaque fois que je vois fermer une église. Leur construction par le petit peuple était à elle seule, une prière. Pour chaque église qui tombe, j'ai l'impression que nous sommes, tous, de plus en plus démunis devant le destin, et que nous perdons protection, spiritualité, refuge et avenir... Je ne saurais dire pourquoi, mais cela me terrorise. Je suis mal dedans, mais affolée si l'église n'est plus à sa place et ouverte. Je préfererais qu'elle serve à tous les cultes religieux, plutôt que de disparaître et que tous puissent y entrer, librement, en se sentant chez eux. Détruire tout lieu de prière est pour moi, un sacrilège pour toute l'humanité, et j'inclus dans ce sacrilège, l'irrespect de tout sanctuaire de la vie. Aurais-je un jour, l'occasion et l'effronterie de poser ces questions : - pourquoi dans la création, une partie de la faune est-elle condamnée à s'entre-dévorer pour survivre, plutôt que de s'aimer ? -. J'ai du mal à concevoir un paradis carnivore. Tant pis si je blasphème, j'aimerais que cela change. Je ne conçois pas non plus un Dieu d'amour qui serait, lors du jugement dernier, juge de nos âmes et juge de l'application des peines...





VIII - Rencontre __

Cette année-là fut une année où beaucoup parlèrent d'O.V.N.I. J'ai attendu trois années, avant de me décider à passer un coup de téléphone à l'aéroport le plus proche du phénomène que j'avais rencontré. J'ai posé beaucoup de questions, mais je n'ai rien raconté de ce qui m'était arrivé. Je l'avais vécu, mais je cherchais par tous les moyens à l'expliquer autrement et rationnellement, et encore plus à le nier. C'était une belle soirée d'été. Je rentrais chez moi, en voiture, avec mon fils, par mon trajet habituel, sur les petites routes de campagne déserte. J'empruntais ce même chemin, très souvent, et sans problème. Le ciel était dégagé, clair; étoilé. Sur une portion de route, droite sur plusieurs kilomètres, au loin, sur ma gauche, je remarquais dans le ciel un appareil qui volait parallèlement à ma voiture et, me semblait-il, à la même vitesse. Je n'étais pas inquiète, dans cette direction, il y avait un aéroport. Dans les rares petits villages que j'avais traversés, les fenêtres étaient ouvertes et allumées. J'ai su plus tard que, ce soir-là, avait eu lieu le premier vol Paris-Londres, de l'avion Concorde. Ce vol passait au-dessus de mon trajet. Les gens avertis avaient observé le ciel. Mais, d'après la personne qui m'a répondu au téléphone, à l'aéroport, trois ans plus tard, je suis la seule à avoir observé ce que j'ai vu. Aucune des hypothèses et explications avancées n'étaient possibles. Pire encore, cette personne m'écoutait attentivement et ne se moquait pas. En une fraction de seconde, l'appareil qui était au loin, s'est retrouvé au-dessus de ma voiture, à faible altitude, sans que je sache comment, ni que je le vois approcher. Ce que j'ai ressenti, alors, est indescriptible. Avec le temps, je n'ai plus que des brides de souvenirs, à raconter, tant j'ai cherché à effacer.





Cet appareil n'a été vu sur aucun radar. Il ne s'agissait pas d'un hélicoptère, ni d'un dirigeable cherchant sa route... Il était, à la fois, capable d'aller très vite, et de faire du sur-place. Il ne faisait aucun bruit. Il s'agit d'un moment de véritable panique. Quelque chose de triangulaire couvrait ma voiture en la survolant. La masse était sombre, gris foncé métallisé, avec quelques lumières vertes et rouges sous les ailes. Ma radio s'est coupée toute seule dans la voiture, et mon fils de dix ans, qui ne dormait jamais durant ce trajet, s'est, brutalement et instantanément, endormi, comme si une protection lui était accordée. Et là, va s'établir une sorte de dialogue intérieur hallucinant. J'avais peur que mon moteur de voiture se coupe également, comme ma radio. Mais, il a tenu bon, ainsi que mon pied sur la pédale d'accélarateur. Ce que j'ai entrevu alors, dépasse mon entendement. J'avais l'impression de défendre ma peau et j'y tenais ! J'ai senti leur regard. Ils étaient deux. Et, à travers leur regard, je les apercevais. Et, à travers eux, j'apercevais, furtivement, tout un autre monde. C'étaient des visiteurs, non pas d'une autre planète, mais du futur de la terre. Je les ai surnommés les fils des ténèbres. Ils n'étaient pas des dieux, ni des anges, ni des démons, ni des esprits. Ils avaient traversé une porte temporelle. Tout s'est joué en à peine quelques minutes. J'ai regardé droit devant moi. J'ai coincé mon pied, à fond, sur l'accélérateur, y compris dans les virages, et je ne l'ai enlevé qu'à mon arrivée devant ma maison. C'est le plus long trajet de une heure que j'ai jamais effectué en voiture ! Je savais qu'ils me laissaient partir, et je n'avais pas envie qu'ils reviennent sur cette permission, ou hésitation ou désintérêt... Mon coeur battait la chamade, une forte chaleur irradiait de ma thyroïde...





Quelque soit l'hypothèse retenue pour le phénomène survenu, ma conviction demeure que, durant ces secondes, si cela n'est pas venu d'eux, et s'ils n'étaient pas des visiteurs du temps, moi, en tout cas, j'ai franchi par l'esprit, et dans la panique, une sorte de portail spatio-temporel. Mon esprit a imprimé certaines choses, bien peu, mais tout de même très étonnantes et pas du tout encourageantes pour notre futur. Réalité ou non de la rencontre, pilote irresponsable de notre génération ou du futur, la seule vraie question qui me reste, est celle de ma vision de notre futur. Dès que j'ai senti leur regard, je me suis mise, non pas à supplier, mais dans un but similaire, à dire et à redire mentalement, que je n'avais aucun intérêt pour eux, que j'étais bête, quelconque, sans importance, avec une santé fragile. Je ressentais que, pour eux, l'humain était moins que le rat dans son labyrinthe de laboratoire : - une simple curiosité -. Nous étions moins, pour eux, que les animaux le sont, pour nous, dans notre monde actuel. Nous étions une espèce disparue et arriérée qu'ils cherchaient à étudier. Ils n'établissaient aucun point de comparaison et similitude entre nous et eux. J'ai d'ailleurs mentalisé, pour eux, l'image du rat dans son labyrinthe, comme centre d'intérêt. Je n'ai pas attendu de réponse, j'ai filé. J'avais l'impresson d'être un animal traqué, pris au piège, et ne désirais ni dialoguer, ni comprendre.